Introduction
Principe : nous explicitons d’abord le principe.
Renseignements pratiques : il s’agit d’un court guide sur les services correspondant aux aspects de la vie publique : santé…
Illustrations : Personnes, événements, lieux, œuvres illustrant le principe.
Enjeux : le contexte parfois difficile auquel un principe s’applique
Jalons : étapes, actions significatives marquant le progrès dans le respect d’un principe.
Vigilance : esprit critique à scandales et autres événements troublants qui détournent la société du principe en cause
Sources : Livres, Revues, Sites, Articles, Vidéos, Audios
PRINCIPE
«La découverte des armes à feu égalise le vilain et le noble sur le champ de bataille; l'imprimerie offre d'égales ressources à leur intelligence; la poste vient déposer la lumière sur le seuil de la cabane du pauvre comme à la porte des palais;» C’est ainsi que Tocqueville évoque le rôle de la technique dans la montée de l’égalité, mais on a bien des raisons de penser que la technique aura désormais l’effet contraire.
Déjà par exemple la médecine est à deux vitesses même là où il existe une assurance santé universelle. L’aseptie est une couverte dont tous les hommes pouvaient bénéficier, la portée des antibiotiques a été et demeure plus limitée; quant aux prothèses qui feront le cyborg, elles ne seront accessibles qu’à une petite minorité. Certes on peut comparer Internet à la poste et soutenir que cette invention sert la cause de l'égalité, mais on constate aussi que la capacité d'analyser de très grandes quantités de données (le Big data) sert les intérêts des entreprises et des pays les plus riches
Comme on a pu le constater au cours des audiences de la Commission Bouchard-Taylor en 2007, l'égalité est au sommet de la hiérarchie des valeurs des Québécois. Les auteurs du rapport de la Commission ont montré l'angle sous lequel l'égalité, une valeur universelle, peut apparaître comme l'une des caractéristiques de l'identité québécoise.
«Parmi les valeurs le plus souvent mentionnées au cours de nos consultations, on trouve le pluralisme, l’égalité (en particulier entre hommes et femmes), la solidarité, la laïcité, la non-discrimination, la non-violence, et bien d’autres – on aura reconnu là les principales valeurs qui fondent les chartes québécoise et canadienne. Il s’agit là, bien sûr, de valeurs universelles et on pourrait se demander comment elles peuvent nourrir une identité singulière, comment elles peuvent en venir à revêtir un sens particulier dans une collectivité donnée. La réponse tient dans ce que nous appelons l’historisation. C’est un processus par lequel une valeur universelle acquiert une signification ou une connotation particulière pour une société donnée, du fait qu'elle est associée à un passé, à une expérience collective marquante : luttes, traumatismes, blessures, réussites, actes fondateurs, etc. Ces expériences intensément vécues inscrivent dans la mémoire et dans l’imaginaire collectif une trace profonde. Forgées dans une histoire, des valeurs universelles se trouvent ainsi appropriées. Elles deviennent alors des valeurs fondatrices. Il y aurait donc une démarche à mettre en œuvre de façon à reconnaître et à conjuguer les valeurs portées par les traditions ethnoculturelles présentes sur le territoire québécois. En voici un exemple. La valeur d’égalité est très ancrée dans la mémoire du Québec francophone. Elle est d’abord enracinée dans l’expérience du peuplement où, dans un contexte général d’isolement et de privations, le partage était une condition de survie (l’égalité s’y instituait en quelque sorte dans la pauvreté). Elle s’est forgée aussi dans l’état de subordination et de sous-développement socioéconomique qui a longtemps caractérisé la société canadienne-française. Elle s’est confortée dans les luttes syndicales et dans les mouvements des femmes. Enfin et sur un mode plus triomphant cette fois, elle s’est déployée dans le mouvement d’émancipation de la Révolution tranquille. Du côté des Autochtones, qui séjournaient pendant la plus grande partie de l’année dans un complet isolement sur leurs territoires de chasse, la vie rudimentaire et la pratique de l’échange communautaire étaient une école d’égalitarisme. Chez les Anglo-Québécois, on pourrait dire que le sens de l’égalité s’est ancré par un chemin différent, soit celui de l’individualisme libéral. Chez les immigrants de longue date d’origine afro-antillaise, afro-américaine ou africaine, on trouve une sensibilité égalitariste nourrie de la mémoire de l’esclavagisme.»[i]
La lente et difficile montée vers l'égalité consiste à substituer la persuasion à la force dans les rapports humains. D'où l'importance de la commune maîtrise de la parole. S'il n'a pas la maîtrise de la parole, le plus fort dans un rapport humain sera tenté d'abuser de sa force, le plus faible sera sans défense. L'égalité peut très bien figurer dans la constitution; mais si la parole n'est pas reine, c'est la force qui règnera à sa place, le plus souvent sous la forme de l'argent. D'où l'importance de l'apprentissage de la langue, de la diffusion et de l’accès à l’information dans une société égalitaire.
[i] Rapport-Bouchard, Gouvernement du Québec, 2008, p.118 http://www.accommodements.qc.ca/documentation/rapports/rapport-final-int...