Les dossiers de la série Le citoyen du Québec ont tous la même structure : Introduction, Principe, Renseignements pratiques, Illustrations, Enjeux, Jalons, Vigilance, Sources.
Principe : nous explicitons d’abord le principe.
Renseignements pratiques : il s’agit d’un court guide sur les services correspondant aux aspects de la vie publique : santé…
Illustrations : Personnes, événements, lieux, œuvres illustrant le principe.
Enjeux : le contexte parfois difficile auquel un principe s’applique.
Jalons : étapes, actions significatives marquant le progrès dans le respect d’un principe.
Vigilance : esprit critique à l'endroit des scandales et autres événements troublants qui détournent la société du principe en cause
Sources : Livres, Revues, Sites, Articles, Vidéos, Audios sur un principe
Le citoyen des démocraties actuelles devant d’abord se consacrer à son travail et à sa vie privée, il ne peut consacrer à la vie publique que son surcroît le loisir et d’énergie . C’est ce qui nous incite à penser que sa qualité la plus précieuse, celle qui le définit le mieux en tant que citoyen, c’est sa vitalité. Ce qui a rendu la démocratie athénienne possible et en a fait un modèle, pour ce qui est de la participation, c’est le fait que l’esclave assumait alors la plus grande partie des tâches que le citoyen est aujourd’hui obligés d’assumer entièrement.
La variété et la gravité des enjeux débattus sur la place publique obligent le citoyen responsable à des efforts intellectuels ….et physiques, car il faut parfois participer à des manifestations, qui rempliraient la vie d’un chercheur dont ce serait le seul travail. S’il est dépourvu de vitalité, la participation est pour lui un luxe dont il n’a pas les moyens.
La vitalité n’est pas l’énergie. Quiconque a accès quiconque se nourrit bien et respire de l’air pur peut à force d’exercice volontaire de musculature acquérir une grande énergie.
On n’étire pas ainsi sa vitalité. Elle est donnée au départ, elle fait partie des choses innées; il faut veiller sur elle, on peut vivre de telle sorte qu'’elle s’accroisse mais elle ne s’accroîtra que dans certaines limites, elles aussi fixée au départ.
Elle est une qualité dont on peut dire qu'elle est la vie elle-même en tant qu'elle ne se réduit pas à des processus physico-chimiques quantifiables. Bergson l’identifiait à ce qu’il appelait l’élan vital, principe spirituel qui préside à l’organisation de la matière vivante et l’élève à des degrés croissants de complexité.
Cette hypothèse dite vitaliste ayant mal résisté aux assauts du darwinisme est tombée en discrédit. Le degré de vitalité qui varie d’un individu à un autre n’en demeure pas moins une réalité que nous pouvons tous observer, du moins quand nous possédons nous-même le minimum de vitalité qui permet de reconnaitre la vitalité chez autrui. Car le propre de la vitalité est de ne pouvoir être reconnue que par elle-même.
Faites entrer Victor Hugo dans un salon remplie de personnes qui ne le connaissent pas, mais ne sont pas dénuées de vitalité : vous verrez immédiatement à leur réaction qu'un phénomène inexplicable se produit : les gens se tournent vers lui de tous leurs sens. Le salon lui-même semble s’animer. Comme son style, l’homme est coloré, riches de toutes les métaphores que son rapport intime avec la nature lui a suggéré, riches aussi de tous les personnages auxquels il a fini par ressembler à force de les imaginer. On le voit tour à tour profond, rayonnant, indigné, amusé, triste, joyeux
Est-il nécessaire de préciser le portrait? Chacun sait la vie par la sienne et ceux qui en sont privée l’ignoreront toujours, sans savoir –voilà l’enfer- de quoi ils sont privés. Certes les faussaires sont nombreux et variés dans ce domaine. N’importe quel hystérique peut donner l’illusion de la vie. C’est la définition même de l’hystérie. Mais une sensibilité exercée finit toujours par démasquer le faussaire.
Pour éviter toute controverse sur la question de la vie, ne suffirait-il pas de s'entendre pour dire des individus à qui on attribue de la vitalité, qu'ils ont une personnalité riche? Le problème serait ainsi déplacé, il ne serait pas réglé. Il faudrait bien remonter jusqu'à la vie pour rendre compte des différences entre les personnes.