Message d'erreur

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Sagacité (Premières nations)

«Les mythes inuit se présentent en général comme de petits récits dramatiques traitant de la genèse et de l'existence de leur monde :Inuit132 la création, les relations ambiguës des humains avec les animaux et avec les esprits célestes, la naissance, l'amour, la chasse, le partage de la nourriture, la polygamie, le meurtre, l'infanticide, l'inceste, la mort et les mystères de la vie après la mort. Même de nos jours, les conteurs inuits remodèlent les anciens mythes en foncion des problèmes rencontrés et cré

«Les mythes inuit se présentent en général comme de petits récits dramatiques traitant de la genèse et de l'existence de leur monde : la création, les relations ambiguës des humains avec les animaux et avec les esprits célestes, la naissance, l'amour, la chasse, le partage de la nourriture, la polygamie, le meurtre, l'infanticide, l'inceste, la mort et les mystères de la vie après la mort. Même de nos jours, les conteurs inuits remodèlent les anciens mythes en foncion des problèmes rencontrés et créent de nouveaux récits en déguisant subtilement l'identité véritable des personnages mis en scène.»

Source Regard éloigné

 

Introduction

Les dossiers de la série Le citoyen du Québec ont tous la même structure :IntroductionPrincipe, Renseignements pratiques, Illustrations, Enjeux, Jalons, Vigilance, Sources.

Principe : nous explicitons d’abord le principe.

Renseignements pratiques : il s’agit d’un court guide sur les services correspondant aux aspects de la vie publique : santé…

Illustrations : Personnes, événements, lieux, œuvres illustrant le principe.

Enjeux : le contexte parfois difficile auquel un principe s’applique.

Jalons : étapes, actions significatives marquant le progrès dans le respect d’un principe.

Vigilance :  esprit critique à l'endroit des scandales et autres événements troublants qui détournent la société du principe en cause.

Sources : Livres, Revues, Sites, Articles, Vidéos, Audios.

Principe

Par quel mot désigner la part des Amérindiens dans la formation de l’identité québécoise? Au mot sagacité, Littré nous met sur une bonne piste par cette réflexion de Guillaume Thomas Raynal : «Les sauvages ont une pénétration et une sagacité qui étonnent qui ne sait combien nos arts et nos méthodes ont rendu notre esprit paresseux.» L’adjectif latin sagax signifie tantôt odorat subtil, tantôt oreille fine. Tel fut le premier sens du mot sagacité, désormais utilisé au sens figuré seulement, pour désigner une subtilité de l’esprit qui va au-delà de la pénétration. Cette sagacité, reposant sur un exercice constant des sens, à commencer par le plus ancien, l’odorat, nos ancêtres ont sûrement appris à la développer aux contacts des Amérindiens et ils en ont eu besoin pour s’adapter à leur nouvel environnement. Qu’en reste-il aujourd’hui? L’habitude que conservent les Québécois de chercher le repos dans un chalet construit en forêt ou près d’un lac lui-même entouré d’arbres, ne dénote-t-il pas la nostalgie d’un rapport au monde où les sens avaient plus de part qu’aujourd’hui?

Explicitation

Une valeur est aussi une orientation qu’on veut donner à sa vie. La sagacité est une qualité dont nous aurons grand besoin pour vivre heureux dans une nature que nous traiterons avec plus sollicitude que nous ne l’avons fait au cours des derniers siècles. Le mal que dénonçait déjà Raynal en 1750 s’est aggravé. Le formalisme, le sens et le goût de l’abstraction, qui ont fait la puissance de nos sciences et de nos techniques, ont aussi eu pour effet de disqualifier nos sens, de les rendre inutiles. Nous ne pouvons plus dire, comme les philosophes du Moyen âge : «Rien dans l’intelligence qui n’ait d’abord passé par les sens.» Nous pensons plutôt, comme Descartes, que nos sens nous trompent. Et pour les retrouver, nous avons recours aux sports et aux danses extrêmes !

La révolution numérique, après celle de la radio, de la télévision, a aggravé ce mal dont Ivan Illich a fait l’analyse, dans un livre intitulé à juste titre : La perte des sens. Entre la perte des sens, la perte du bon sens et la perte du sens, le lien va de soi, et il ne se réduit pas à un jeu de mots. Nous respecterons la nature lorsqu’elle sera redevenue pour nous une source de plaisirs vivement et authentiquement, lentement ressentis. Et ce sont ces plaisirs qui, en nous rapprochant du temps indien, nous détacheront de cette coûteuse vitesse qui conduit à l’abîme.

Voici un pont vers les Noirs, dont Léopold Sédar Senghor nous dit, en accord avec l'anthropologue Léo Frobenius, que la civilisation africaine à laquelle ils appartiennent est caractérisée par l'émotion, la sensibilité; raison pour laquelle Senghor attachait autant d'importance à la révolution de 1889 qu'à celle de 1789. Que s'est-il donc passé en 1889? «Si je parle de la Révolution de 1889, c’est, bien sûr, par référence à la Révolution française de 1789. En effet, celle-ci avait procédé du rationalisme et, plus précisément, du rationalisme encyclopédiste. C’est, d’autre part, que 1889 est l’année où Henri Bergson publia son Essai sur les Données immédiates de la Conscience. Lui aussi s’élevait, non exactement contre le rationalisme, mais contre sa déviation intellectualiste et, surtout, contre le positivisme matérialiste. Lui aussi avait relu la fameuse phrase d’Aristote en donnant, au mot noûs, son véritable sens de symbiose de la discussion et de l’intuition. Il y a seulement qu’il met l’accent sur la sensation et l’intuition.» [i]

Senghor empruntera ensuite à Teilhard de Chardin l'idée de Civilisation de l'universel, laquelle résultera de la symbiose de la rationalité européenne et de la sensibilité de nombreux pays du Tiers-Monde. «...Que s’annonce, cependant, nécessité par l’extrême des tensions et par la puissance de nos moyens de combat comme de compréhension, un mouvement de convergence panhumaine. De ce mouvement, doit naître la Civilisation de l’Universel, symbiose de toutes les civilisations différentes.

Marx et Engels nous ignoraient passablement. Teilhard nous invite, nous Négro-africains, avec les autres peuples et races du Tiers-monde, à apporter notre contribution au " rendez-vous du donner et du recevoir ". Il nous restitue notre être et nous convie au Dialogue : au plus-être.»[ii]

Cette civilisation de l'universel est aussi celle qu'appellent de leurs voeux de nombreux écologistes qui associent le tort fait à la nature aux excès de la rationalité occidentale, de nombreux penseurs aussi, dont Albert Camus. «In Lyrical and Critical Essays, Camus wrote of how beauty has been exiled in Western Culture and replaced by the cult of reason that constantly seek to overcome limits. ''But limits nonetheless exist and we know it. In our wildest madness, we dream of an equilibrium we have lost, and which in our simplicity we think we shall discover once again when our errors cease -an infantile presumption, which justifies the fact that childish peoples, inheriting our madness, are managing our history today...We turn our back on nature, we are ashamed of beauty. Our miserable tragedies have the smell of an office, and their blood is the color of dirty ink.''»[iii]((Texte original en français à venir)




[i]              - Léopold Senghor,La révolution de 1889 et Frobenius, Revue Éthiopiques No 30, 1982, texte de la Conférence prononcée le 23 mars 1982, à Francfort, dans le cadre d’une manifestation organisée en l’honneur de Leo Frobenius.

[ii]             - Senghor, Léopold, Cahiers Pierre Teilhard de Chardin, No 6, Éditions du Seuil, Paris 1968: p. 29-35,

[iii]             Albert Camus, Helen's Exile, Lyrical and Critical Essays (New-York: Alfred AS. Knopf, 1969) pp.149-50, cité par Paul Hawken, dans Blessed Unrest, Viking, 2007, p.183

Illustrations

Le festival des rêves chez les Hurons

Henri F. Hellenberger
Bien des pratiques qui nous auraient paru purement magiques, il y a 100 ans, enferment une rationalité qui nous semble aujourd'hui manifeste. C'est le cas en particulier du Festival des rêves chez les Hurons. Voici l'explication qu'en donne Henri F. Ellenberger à partir de récits qu'on trouve dans les Relations des Jésuites. C'est évidemment à dessein qu'Ellenberger emploie le mot inconscient dans son analyse. Il ne fait aucun doute à ses yeux qu'il faut considérer le Festival des rêves comme une préfiguration de la psychiatrie dynamique, c'est-à-dire celle où l'on mise sur les forces du psychisme pour obtenir la guérison.
 
«Les Hurons distinguaient trois causes de maladie: les causes naturelles, la sorcellerie, les désirs insatisfaits. L'individu avait conscience de certains de ses désirs insatisfaits; d'autres, appelés ondinnonk, restaient inconscients, mais pouvaient lui être révélés par ses rêves. Il pouvait toutefois oublier ces rêves, et certains désirs insatisfaits ne se manifestaient même pas en rêve. Des devins, appelés les saokata, étaient capables de découvrir ces désirs insatisfaits en regardant, par exemple, dans un récipient rempli d'eau. Quand le malade était atteint d'une maladie fatale, les devins déclaraient que l'objet de son désir était impossible à atteindre. Quand il avait quelques chances de guérir, ils énuméraient divers objets susceptibles d'être désirés par le malade et l'on organisait un «Festival des Rêves». On faisait cadeau au malade des objets ainsi recueillis, ceci au cours d'un banquet agrémenté de danses et d'autres manifestations de joie collective. Il n'était pas question de restituer ces objets aux donateurs. Ainsi, le malade retrouvait non seulement la santé, tous ses désirs satisfaits, mais il en sortait parfois enrichi. Certains donateurs, par contre, pouvaient tomber malades à leur tour et rêver qu'ils recevaient une compensation pour les pertes qu'ils avaient subies. Un «Festival des Rêves» était ainsi un mélange de thérapeutique, de réjouissances collectives et d'échange de biens.»