Introduction
Principe : nous explicitons d’abord le principe.
Renseignements pratiques : il s’agit d’un court guide sur les services correspondant aux aspects de la vie publique : santé…
Illustrations : Personnes, événements, lieux, œuvres illustrant le principe.
Enjeux : le contexte parfois difficile auquel un principe s’applique
Jalons : étapes, actions significatives marquant le progrès dans le respect d’un principe.
Vigilance : esprit critique à l'endroit des scandales et autres événements troublants qui détournent la société du principe en cause
Sources : Livres, Revues, Sites, Articles, Vidéos, Audios
PRINCIPE
La créativité est le triomphe du vivant sur le mécanique. La vie est créatrice d'ordre, de beauté; elle est néguentropie, négation de cette implacable loi selon laquelle la nature tend vers le désordre, la dégradation de l'énergie. Il n'y a de véritable créativité que là où il y a émergence d'ordre, cet ordre dont la musique de Bach est l'exemple parfait. Hors de l'ordre on ne crée pas, on s'exprime, on projette son désordre personnel.
Dans le document intitulé Regards des aînés sur la société québécoise, on peut lire dans le passage portant sur les atouts du progrès humain cette réflexion de Jacques Grand' Maison où il évoque de la créativité culturelle qui s’est déployée chez nous depuis une cinquantaine d’années. Voici toutefois le diagnostic que l'on peut lire dans le même document: « Dans un monde où les courants dominants s’alimentent à l’instantanéité, la performance à tout prix, le culte de l’esthétisme, la réussite sans effort, la pensée magique et la glorification du modèle star académie tenant lieu d’idéal en se présentant comme l’itinéraire privilégié menant au bonheur, les aînés, plus que jamais, ne peuvent se permettre de demeurer muets. »
Il n'y a pas de contradiction entre ces deux passages, le second ne réfute pas le premier, il est une invitation pressante à pratiquer le discernement dans les produits de la créativité. On a de bonnes raisons de penser que l'Allemagne de 1930 était le haut lieu de la créativité dans le monde. Cette culture riche a enfanté le nazisme. Qu'est-ce que la culture? Un moment d'insouciance entre deux barbaries? Que vaut la culture? Que valent les cultures. L'or pur est aussi rare au fond des cultures que dans le lit des rivières.
Chaque culture forme un type d'être humain, lequel se greffe idéalement sur un noyau que l'on peut appeler l'être humain universel, achevé, accompli. À quoi le reconnaît-on? Au degré d'ordre qu'il atteint. La division tripartite de l'âme telle que Platon l'a décrite et l'harmonie dont elle peut s'imprégner représente un haut degré d'ordre. L'intelligence, symbolisée par la tête, règne sur l'affectivité symbolisée par le coeur et sur le désir symbolisé par le ventre. Si l'intelligence règne par la persuasion, sans porter atteinte à l'affectivité et au désir, le plus haut degré d'harmonie est atteint. Si l'intelligence règne par la force, en s'appuyant sur une volonté implacable, il en résulte un être tordu. Le type de culture colore la façon dont l'intelligence assure son règne, mais c'est ce règne qui fait l'humanité.
Soyons plus précis: Quelle humanité ? Celle qui est le mieux accomplie ? Ou toute forme d’humanité y compris et surtout celle de tout être qui, même réduit à l'essentiel par un handicap, éprouve au moins l'ébauche d'une joie quand on le touche avec respect et amour, qui s'attend à ce qu'on lui fasse du bien et non du mal.
Une culture ne peut former l'homme sans le nourrir. Pendant longtemps le mot nourriture a désigné aussi bien les aliments destinés à l'âme que les aliments destinés au corps. Être cultivé ou éduqué c'était être bien nourri. La créativité consiste aussi à produire de la nourriture. Le rapprochement avec l'alimentation est très éclairant, surtout en ce moment de l'histoire où la recherche d'aliments de qualité occupe de plus en plus de place dans la vie des gens.