Introduction
Principe : nous explicitons d’abord le principe.
Renseignements pratiques : il s’agit d’un court guide sur les services correspondant aux aspects de la vie publique : santé…
Illustrations : Personnes, événements, lieux, œuvres illustrant le principe.
Enjeux : le contexte parfois difficile auquel un principe s’applique.
Jalons : étapes, actions significatives marquant le progrès dans le respect d’un principe.
Vigilance : esprit critique à l'endroit des scandales et autres événements troublants qui détournent la société du principe en cause.
Sources : Livres, Revues, Sites, Articles, Vidéos, Audios.
Principe
La responsabilité s'accroît avec le pouvoir. L’homme a si bien réussi à maîtriser la nature qu’il en est devenu responsable à un degré sans exemple dans le passé.
Jusqu’à nos jours, les obligations de l’être humain se limitaient à ses proches, dans le temps, dans l’espace et à l’intérieur de son espèce. Elles s’étendent aujourd’hui aux générations futures, aux pays lointains, aux cultures différentes, à l’ensemble des espèces et des milieux vivants. La responsabilité suit le pouvoir. L’homme a si bien réussi à maîtriser la nature qu’il est devenu responsable de son avenir. Tu ne tueras point… ton semblable. À ce grand commandement, s’en ajoute un second : Tu ne tueras point l’Homme. Et un troisième : Tu ne détruiras pas la Biosphère, la partie vivante de la terre dont dépend l’intégrité de l’être humain. Le suicide est interdit à l’humanité.
«Dans l'histoire de l'humanité, quel groupe humain aura été, sur le plan matériel, plus favorisé que la génération des Occidentaux nés entre 1935 et 1950 ? Nous avons pu (on aura compris que je suis né au milieu de cette période) à la fois dilapider le passé et hypothéquer l'avenir; le passé nous a littéralement été donné sous la forme d'une précieuse énergie, le pétrole, que la biosphère avait mis des centaines de millions d'années à enfouir dans les entrailles de la terre. Quant à l'avenir c'est par un usage inconsidéré de cette énergie fossile que nous l'avons hypothéqué; nous avons par là souillé l'atmosphère et provoqué le réchauffement climatique tout en utilisant la puissance ainsi obtenue pour exploiter les métaux comme l'or, le cuivre et fer jusqu'à leur limite.
S'il y avait une loi morale obligeant les hommes à donner, sur les plans culturel et spirituel, à proportion de ce qu'ils ont reçu sur le plan matériel, nos obligations seraient si grandes qu'elles nous inspireraient une frayeur sacrée. Or une telle loi morale existe désormais et le plus grand mérite de notre génération aura peut-être été de l'avoir reconnue, sous l'influence notamment de Hans Jonas l'auteur du Principe Responsabilité. Avec toute la force dont la raison humaine est capable, ce philosophe a en effet démontré que nous avons l'obligation de transmettre à nos descendants, même les plus lointains, un habitat tel qu'ils puissent s'y accomplir. Cette obligation, m'objectera-t-on, existe depuis toujours, elle est éternelle. Et il est vrai qu'une fois qu'on l’a reconnue, on ne peut que souligner son caractère universel, absolu. On aura toutefois mis beaucoup de temps à la reconnaître. Pendant longtemps, nos devoirs se sont en pratique limités à nos semblables et nos contemporains. Nos ancêtres, il est vrai, avaient des excuses pour leur étroitesse. Devant lutter contre la nature, une nature luxuriante et envahissante, pour créer un habitat qui leur convienne, ils n'avaient pas à se soucier de son avenir. Ils devaient d'abord assurer leur propre avenir et c'est en luttant contre cette nature, en la subordonnant à leurs fins qu'ils assuraient l'avenir de leur espèce.
S’il a été défini par Hans Jonas dans le cadre d’une réflexion sur les rapports de l’homme et de la nature, le Principe Responsabilité ne se limite pas à ce domaine, il s’applique à l’ensemble de la conduite humaine. En abolissant les frontières qui limitaient son pouvoir, l’homme abolissait aussi celles qui limitaient ses obligations. Sa nouvelle responsabilité touche l’ensemble de ses activités. Les résidus des médicaments que nous consommons pour prolonger nos vies menacent la vie de la biosphère. Toute précaution prise pour l’avenir oblige à une révision du partage entre proches et contemporains. Parents, éducateurs, savants, philosophes, prêtres, nous avons tous un rôle à jouer dans une telle révision. Le jour est déjà venu où il n’est plus possible de fonder l’ordre social seulement sur la croissance économique et sur l’espoir d’une meilleure redistribution de la nouvelle richesse entre voisins et contemporains.