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OSTENTATOIRE ET ostentatoire

Voici la reproduction d’un dessin paru dans une page du Nouvelliste… en1971*. La vignette n’était alors accompagnée d’aucune légende. La même image, tout en continuant aujourd’hui à parler par elle-même, peut ajouter à la force du message un plus large sujet de réflexion. Car,  depuis, un récent projet de loi, dit charte des valeurs, est venu brouiller les esprits… Voilà qu’un mot, ostentatoire — vocable lui-même ostentatoire… —, polarise toute l’attention sur les signes religieux qu’un État laïc prétend devoir régir dans la res publica en essayant de séparer ce qui ce doit d’être séparé. En ce temps-ci comme en ce temps-là, l’image d’un Père Noël — personnage plutôt débonnaire — présenté ici tel un imposteur, usurpateur du temps des Fêtes, fait plus ostentatoire que celle d’une crèche jusque-là traditionnelle dans sa légitime raison d’être et qui, elle, se voit maintenant priée (?) de quitter la place publique pour chercher quelque église ouverte comme refuge… pendant qu’il en reste.

Est-ce à dire que le Père Noël est un gros méchant ? Personnage mythique, icône moderne, plusieurs attribuaient son invention à Coca-Cola qui, en 1931, avait confié à son illustrateur Haddon Sundblom de concevoir un Santa Claus rubicond, grassouillet, bon vivant, de rouge vif costumé avec franges de fourrure aussi blanches que sa barbe abondante, et bien campé dans ses lourdes bottes. Symbole de réussite américaine comme produit de marketing certes : symbole de bombance et de consommation à outrance pour les adultes que nous sommes, mais, pour l’imaginaire des enfants, un corpulent gaillard et coloré vieillard fort généreux de ses rires et de ses cadeaux… En fait notre Père Noël est la récupération retouchée de saint Nicolas (Sinter Klass, évêque néerlandais de Myre au IVe s.) protecteur légendaire des enfants pauvres.

De pareils recyclages en détournements historiques, la religion s’en est aussi servie. Ainsi, de la date du 25 décembre qui, dans le monde romain, célébrait la renaissance du soleil au solstice de l’hiver : ainsi décalée de quelques jours dans le calendrier julien, cette fête fut choisie par la chrétienté pour célébrer le jour — inconnu — de la nativité de Jésus, le jour de la noël (vieux français, du latin dies natalis), comme victoire de la lumière sur les ténèbres. Il en fut de même pour notre sapin de Noël, emprunt symbolique de l’Arbre de vie par des chrétiens du Moyen-Âge, et dont le culte populaire païen remonterait à plus de 2000 ans avant J.C.

C’est dire les préjugés faciles et les dangers plus graves d’égarements. Les religions n’y échappent pas. Que d’excès en leur nom ! Entre les errances délétères d’une religiosité en de naïves soumissions et les perversions extrêmes du fanatisme dans des actions de haine et de violence, il y a pourtant cette part au centre de la foi où se révèlent les vertus plus saines et plus profondes de la nature humaine. Savoir reconnaître les valeurs sacrées de l’humaine existence, qu’elles soient chez des croyants pratiquants ou non, incroyants agnostiques ou athées, tels sont les attendus que devrait satisfaire une charte des valeurs dans un État laïc : Québécois, de pure laine exclusifs qu’ils étaient, aujourd’hui de fils en trame tissés serré, tous devant faire preuve de savoir vivre… ensemble.




*Illustration originale présentée le 18 décembre 1971 sous forme de caricature éditoriale pour la page religieuse hebdomadaire en ce temps-ci dans le journal quotidien Le Nouvelliste.

Lévis Martin