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Un Code de tolérance ou une Charte des valeurs ?

Texte en révision

Le document appelé Charte des valeurs qui a été déposé à Québec le 10 septembre 2013 est un projet soumis au public et à l'Assemblée nationale par un gouvernement minoritaire; et quoi qu'il advienne dans les premières étapes, c'est la Cour suprême du Canada qui aura le dernier mot. La réaction haineuse, immédiate, catégorique et unanime du Canada anglais, y compris celle de Charles Taylor, est dans ces conditions odieuse. Il y a manifestement plus de passion de ce côté que du côté des promoteurs de la Charte.

Je renoncerais pour le moment à formuler mes réserves sur ce projet, si j'avais des raisons de penser que  j'alimente ainsi la passion dans le ROC, mais je n'ai pas de telles raisons. J'entre donc dans le débat avec tout mon esprit critique. Ce débat il faut le lancer si bien que les esprits les plus éclairés du Québec et du Canada anglais acceptent d'y participer, de quelque orientation qu'ils soient.  Un débat  de plus, un de trop? La lassitude me gagne déjà. Qu'on le veuille ou non, la question du multiculturalisme remontera constamment à la surface, de même que celle de la société distincte. J’ai de bonnes raisons de croire que j’ai tout lu, tout entendu, sinon tout écrit sur ces questions. J’ai tort. On apprend toujours quelque chose dans un débat vraiment libre. Et c’est peut-être à notre intérêt  pour les débats libres que nous devons d’avoir évité l’abîme d’une violence comme celle qui a fait si longtemps le malheur de l’Irlande.

Nous avons fait coïncider le lancement de ce site sur les principes avec le dépôt du projet de Charte des valeurs parce que nous sommes convaincus qu'il faut élever le débat jusqu'aux fondements, si l'on peut dire, pour rendre possible un consensus vivant, créateur sur les accommodements et les symboles. Les apparences ont leurs racines dans l'essence. 

S'il n'est pas complété et enrichi par une démarche semblable à la nôtre, le document Drainville ne méritera au fil d'arrivée ni l'appellation Charte des valeurs, et encore moins celle de Charte des valeurs québécoises. Le mot Charte implique l’idée d’un ensemble de principes fondateurs; le mot valeur ajoute une dimension philosophique à cet ensemble. Le document du 10 septembre ne correspond pas à cette définition. Il s’agit plutôt d'un Code québécois de tolérance, appellation justifiée par le fait que les principaux commentaires ont porté sur les obstacles juridiques auxquels il se heurterait. 

Quant à l'appellation Charte des valeurs québécoises, elle est à la limite offensante pour les Québécois parce qu'elle donne à entendre que leur système de valeurs se réduit à deux idées: l'égalité entre hommes et femmes et la neutralité. Si importantes que soient ces idées, et cette importance on ne la connaîtra qu'au terme d'une analyse fine, elles ne nous autorisent pas à considérer la nouvelle charte comme une chose plus englobante qu'un simple Code de tolérance.

Notre contribution au débat consistera  à passer en revue les grands thèmes, tels la modernité, le relativisme, l'athéisme, les religions, la neutralité,  la liberté, l'égalité, l'ordre, l'appartenance, etc. en les appliquant au contexte québécois actuel et en les reliant les uns aux autres. Nous partirons le plus souvent possible de l'actualité pour lancer la réflexion sur un thème.

Dès les premières heures du débat, Gérard Bouchard dans le Devoir et Charles Taylor aux Nouvelles de Radio-Canada, ont fait la dictinction entre une religion, comme le catholicisme, que l’on peut cacher sans la renier et une autre, comme celle des Sikhs, que l’on renie si on n’en fait pas ostentation. Ce sera notre prochain sujet.

Le 10 septembre, aux nouvelles de Radio-Canada, Gérard Bouchard a repris à son compte la distinction pleine de bon sens entre des restrictions imposées aux libertés individuelles pour des motifs supérieurs et d’autres qui sont imposées arbitrairement. Les restrictions liées à la loi 101 a-t-il précisé, reposent sur un motif supérieur : la survie de la langue française.  La neutralité de l’État au nom de laquelle on veut interdire les symboles religieux dans la fonction publique n’est pas à ses yeux un motif supérieur. Mais qu'est-ce qu'un motif supérieur?  Autre beau sujet.

Le gouvernement québécois lui-même nous oblige à aborder la question du sacré: